Sécurité sismique au Maroc : Une mise à jour des normes de construction s'impose – Hespress Français
Après le séisme dévastateur d’Al Haouz, José Pélaiz, éminent professeur de géophysique ayant préalablement conduit des recherches sur l’activité sismique au Maroc, a affirmé que « ce ne sont pas les tremblements de terre qui prennent des vies, mais bien les édifices qui les emportent« .
Pour l’expert, les constructions dépourvues de planification adéquate et de soutien structurel représentent un facteur potentiellement mortel dans les régions exposées à un risque sismique significatif.
S’exprimant sur la plateforme spécialisée « The Conversation« , dédiée à la diffusion de recherches et d’opinions académiques, Pélaiz a éclairé sur le fait que l’activité sismique ne constitue en rien une anomalie au Maroc. Il a insisté sur la nécessité de rendre les normes et réglementations de construction contraignantes et sujettes à des mises à jour régulières pour prévenir les pertes humaines.
Selon le professeur, « à mesure que nous enrichissons notre compréhension de la géologie des séismes et de leur impact sur les structures, il est impératif de maintenir constamment à jour les réglementations de construction. C’est la méthode optimale pour nous protéger de ces événements catastrophiques. Urbanistes et autorités locales doivent en être conscients et en tenir compte« .
« Notre arme la plus puissante pour atténuer les effets des séismes réside dans la réalisation d’études rigoureuses sur les risques sismiques. Ensuite, il est primordial d’intégrer les résultats de ces études dans les lois nationales sur la construction, permettant ainsi aux ingénieurs d’incorporer des normes de sécurité sismique dans la conception des édifices« , a-t-il expliqué.
Et d’expliquer que « les réglementations de construction doivent prendre en compte une multitude de paramètres, telles que la nature du sol, la propagation des ondes sismiques, l’amplification potentielle des mouvements du sol lors d’un tremblement de terre, ainsi que les vibrations attendues du sol impactant le comportement et les dommages aux structures. Ces facteurs varient d’une ville à l’autre, parfois même d’une région à l’autre« .
Mettant en avant la vulnérabilité du Maroc aux séismes, Pélaiz a affirmé que « les tremblements de terre au cours des derniers millénaires ont principalement touché deux régions du pays : en mer, le long de la faille transformante des îles Canaries-Gibraltar et de la mer d’Alboran, ainsi que sur la terre ferme, le long des montagnes du Rif dans le nord du Maroc et de la chaîne de l’Atlas dans le nord-ouest de l’Algérie« . Les séismes le long de la ceinture de l’Atlas, bien que moins fréquents, ne sont pas rares, a-t-il dit.
L’expert a également rappelé les récents séismes survenus au Maroc en 1994, 2004 et 2016, atteignant des magnitudes de 6,0 à 6,3 sur l’échelle de Richter, touchant la région la plus exposée au risque sismique du Maroc et la région à l’ouest de la Méditerranée.
Pour ce qui est de la prédiction des tremblements de terre, Pélaiz a indiqué que « même avec les connaissances actuelles en sismologie, il est impossible de les anticiper« . « De nombreux chercheurs estiment qu’il est peu probable que cela devienne possible à l’avenir », soutient-il.
Néanmoins, l’expert a insisté sur la capacité des sismologues à identifier les zones où les séismes sont susceptibles de se produire, à estimer leur probabilité et leur incertitude, une forme de prévision à long terme basée sur des études spécifiques des risques sismiques régionaux. Ces études s’appuient sur la connaissance des séismes passés dans la région, à la fois historiques et récents, ainsi que sur la compréhension des structures tectoniques actives, telles que les failles, qui pourraient engendrer des séismes.
Pour conclure: « Plus nous en savons sur ces deux aspects – les séismes et les failles tectoniques actives dans la région – plus notre compréhension du risque sismique futur dans la région est précise, et plus l’incertitude diminue« .
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